A 20 ans, je me retrouve donc célibataire et décide de ne pas forcer les choses pour me remettre en couple tout de suite. J’avais envie de voir comment je vivais « seule » et de me laisser du temps pour expérimenter ce dont j’avais envie. Au début, j’étais très excitée. Cependant j’ai commencé à me rendre compte que la réalité était un peu moins détendue que prévu…
Être une femme libérée c’est pas si facile
J’ai découvert qu’il était bien vu d’avoir un peu d’expérience, mais pas trop. Seulement, personne n’était capable de me dire où était la limite entre « femme bien » et « salope ». Je dois avouer que je pensais naïvement que si cela se passait bien avec un amant, qu’on avait de passionnantes discussions, qu’on s’épaulait dans les mauvais moments, qu’on s’entendait bien au lit, qu’on passait de super soirée au resto ou devant Pékin Express, qu’on aimait cuisiner ensemble, etc. cela pouvait déboucher sur un truc plus sérieux. MAIS NON ! Figurez-vous qu’apparemment tout cela peut être annulé par :
- un nombre trop important de partenaires (le « trop » va de 1 à l’infini, ça dépend des gens, démerdez-vous avec ça)
- avoir couché « trop tôt » (là aussi, ça va du premier soir au Xème rendez-vous)
- avoir couché avec la « mauvaise personne » (là aussi, les théories divergent, personne n’est d’accord avec personne)
- être trop entreprenante
- trop sortir dans les bars (ou rencontrer la personne dans un bar, pour certains hommes cela est incompatible avec une histoire sérieuse), etc. etc. etc.
J’ai donc capté que j’avais dépassé cette limite pour pas mal de mes congénères masculins et que mon CV Cul pouvait poser problème…
Heureusement, certains de mes partenaires n’en avaient strictement rien à faire de mon CV Cul mais il faut bien avouer une chose : pour beaucoup cela comptait bien plus que je ne l’aurais imaginé.
Libérée mais frigide…
Cela commençait sérieusement à swinguer sur le pont mais je m’accrochais. Malgré la pluie, le vent et les creux, je tenais bon et j’apprenais à être un poil plus sélective dans mes amants. J’avais envie de gentils partenaires, d’amants qui avaient envie de s’amuser tout en faisant attention à l’autre. Cependant, malgré cette sélection plus pointue, je découvris un nouveau vent marin plutôt violent : la déception de mes partenaires face à mon absence d’orgasme.
Un poids énorme commença à se poser sur mes épaules, une créature qui, chaque fois qu’il était question de sexe dans ma vie, venait me susurrer à l’oreille que je n’étais pas normale, que mon amant risquait de s’en apercevoir et que personne n’avait envie de faire sa vie avec une « femme incomplète », une femme avec qui il ne pourrait pas s’épanouir sexuellement. A bien y réfléchir, je pense que mes deux étiquettes « fille libérée » et « fille frigide » se sont entretenues dans une sorte de cercle vicieux : j’avais compris qu’il me « manquait » un truc niveau sexe, alors je sur-jouais le côté sexy et provocant.
Je ne sais plus quand/comment c’est arrivé mais un jour, je pris la décision de simuler. Pas tout le temps, mais quand la relation durait un peu et qu’un coup d’un soir se transformait en plan Q sympathique, je me disais que si je faisais semblant d’avoir un orgasme, il ne me trouverait pas « bizarre » ou « frigide » et il ne douterait pas de ses capacités au lit. Ainsi, tout le monde était content et voilà ! Cette phase a duré un petit moment et pour tout vous dire, elle m’allait très bien. L’orgasme à deux ne me manquant pas du tout et voulant juste un moment d’amusement où je pouvais me lâcher, le fait d’avoir mis cela en place m’enlevait cette pression. Je pouvais profiter pleinement des moments avec mes amants.
L’arrivée du TDS dans ma vie
Quelques années plus tard, j’ai découvert l’escorting. Je me suis dit que c’était aussi un endroit où mon absence d’orgasme ne serait pas un souci car ce n’était pas le but. Oui, j’étais jeune, naïve, bref, ça ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu…
La 1ère grosse surprise a été que j’ai commencé à avoir des orgasmes à deux…avec des prétendants. Pour certains cela peut être triste car on associerait plus ça à une relation amoureuse qu’à une relation TDS mais que voulez-vous, il faut croire que je suis tombée sur les bonnes personnes dans mon activité et je ne vais pas me plaindre ! Je pense aussi que les enjeux affectifs et la pression à plaire n’étant pas les mêmes, cela m’a permis de me lâcher un peu plus et d’aller explorer certaines choses en toute confiance. Évidemment, cela n’est pas possible avec tout le monde pour plein de raisons différentes (feeling, dialogue, temps consacré, état émotionnel du moment, etc.), mais c’est ainsi que j’ai commencé à me dire que tout n’était pas foutu et que mon surnom de « Peine-à-jouir » n’était peut-être pas une étiquette qui allait me poursuivre toute ma vie finalement.
Cependant, si je sortais plus ou moins du cul-de-sac « Je suis non-orgasmique », je n’étais pas sortie de la merde pour autant !
Déjà, là où ça bloquait c’était que je n’atteignais l’orgasme qu’en me touchant moi, avec ou sans pénétration mais cela ne marchait jamais quand c’était mon partenaire qui me touchait/léchait ou juste à l’aide de la pénétration. De plus, je ne savais pas vraiment ce qui faisait que parfois ça marchait et parfois non, qu’avec certains c’était facile et avec d’autres non, que certaines méthodes marchaient à des moments et que cela me laissait de marbre à d’autres.
Comme dit plus haut à ce moment-là de ma vie personnelle, j’étais aussi dans une période de « simulation de l’orgasme » qui m’allait très bien. Cependant, au bout d’un moment, cela m’a lassé, je n’avais plus envie de faire semblant, j’avais juste envie d’être acceptée telle que j’étais. Était-ce si grave que je ne jouisse pas grâce au Sacro-Saint Pénis (ou grâce à un cuni) bordel de merde ? (Spoiler : apparemment oui écoutez…).
J’ai commencé à être honnête avec mes partenaires, à leur dire que j’aimais ce qu’ils me faisaient ou que j’aimais faire l’amour avec eux mais que j’atteignais l’orgasme très difficilement. C’était comme ça mais ce n’était pas grave, cela pouvait arriver ou pas et je prenais quand même du plaisir. En même temps, si j’en ressentais l’envie, je me touchais pour augmenter mon plaisir lors d’une pénétration.
Grâce à mes sacrifices de tofu réguliers à Sainte Catin, j’ai eu la chance d’avoir de nombreux partenaires très cool et avec qui je pouvais jouer en toute décontraction. Cependant, pour des raisons obscures (mauvaises vibrations lunaires ? date de péremption trop proche ?), il est arrivé que le sacrifice de tofu merde et que je me retrouve avec la mauvaise personne.
*Rien contre le Tantra de manière générale mais le nombre d’agresseurs et d’abuseurs dans ce milieu est impressionnant. Et que ce soit en mail ou en rendez-vous, j’ai eu un paquet de mauvaises expériences : il y a ceux qui m’expliquent pourquoi mes tabous/barrières ne devraient pas exister (ce sont des croyances limitantes vous comprenez ?), ceux qui se vantent de ne jamais avoir mis de capote car cela coupe le lien, ceux qui m’expliquent comment je devrais vivre/penser mon activité, ceux qui ne respectent pas les limites en RDV car « on est connecté, je le sens », etc. Donc aucun problème si vous pratiquez le tantra, je peux même être très curieuse car c’est domaine passionnant, malheureusement j’arriverai avec pas mal de méfiance (méfiance qui peut cependant partir très quand je sens que votre approche est saine !).