On a trouvé une date et là, l’angoisse monte « Zut, on se prépare comment pour une rencontre avec Louise ? ». Certains osent me demander mes préférences alors que d’autres restent avec leurs questionnements jusqu’au jour J. Du coup, histoire d’éviter les fashion-faux-pas et les prises de tête inutiles, je me suis dit que j’allais faire un petit « guide de survie ».
« Louise, dois-je m’épiler ? Me raser ? Et la barbe, vous la préférez comment ? Et en bas ? »
Posez tout de suite cette tondeuse électrique malheureux et éloignez-vous-en ! N’allez donc pas supprimer votre belle toison pour moi !
La règle numéro 1 c’est « venez comme vous êtes ». Oui je sais, ce n’est pas de moi et ça fait très cliché mais c’est vrai. J’ai vu un paquet d’hommes se raser, se tondre ou pire, s’épiler (je dis pire car niveau douleur on est quand même sur un autre niveau) en vue de notre tête-à-tête. Pour certains c’est dans leurs habitudes et cela ne me dérange pas vraiment (nous y reviendrons plus bas) mais pour beaucoup d’autres c’était la première fois et là ça me turlupine un peu plus. Si vous avez des poils et que vous n’y touchez pas habituellement, alors laissez-les ! De 1 ça vous évitera les poils incarnés, les coupures, les irritations et de 2 vous ferez une heureuse. Car oui, je viens ici confesser un kink, une adoration, que dis-je ? Une passion ! Les poils. Certains ici ont déjà eu la surprise de me voir, l’air absente, en train de triturer, de caresser leur toison. Je deviens comme hypnotisée, je ne parle presque plus et je plonge mes mains encore et encore dans ces noires forêts. Bon, évidemment cela concerne les poils du torse, je ne fais pas ça avec ceux des aisselles et encore moi avec ceux du pubis (ce qui serait hilarant, j’imagine très bien la scène) mais tous vos poils ne me dérangent pas. Ceux du torse, ceux des aisselles, ceux du dos, ceux de votre gros orteil, je les aime tous. Quand j’accepte de voir quelqu’un je l’accepte lui et ses milliers de poils !
MAIS (oui, tout ne peut pas être si simple), il faut que nous parlions de certaines choses quand même.
Tout d’abord, si vous avez l’habitude de vous tondre ou de raser votre corps, cela peut compliquer un poil notre intimité. En effet, en tant que Grande-Allergique-en-Chef et Maitresse-Des-Réactions-Corporelles-Pourries sachez que les poils courts peuvent irriter ma peau. Vraiment l’irriter. Il m’est déjà arrivée de me couvrir de plaques rouges lors d’un câlin à cause des frottements des poils drus. Donc si vous ne vous rasez pas, ne le faites pas et si vous avez l’habitude de vous raser alors essayez de prévoir un moment où les poils ne seront pas trop durs.
Il n’y a pas que le torse qui peut poser problème. En effet, si vous vous rasez le pubis cela peut aussi parfois compliquer un peu nos ébats. Car ces frottements ne sont plus seulement sur ma peau, ils viennent aussi irriter mes muqueuses. Les va-et-vient peuvent s’avérer assez douloureux dans ces conditions. Si vous ne vous rasez pas, ne le faites pas, pitié. Et si vous avez l’habitude de le faire, laissez un peu repousser avant notre rencontre s’il vous plait.
Concernant la barbe, je ne peux pas trop vous conseiller car certains ont le poil assez doux, d’autres assez dur, certains ont des repousses rapides, d’autres non, etc.
Dans tous les cas, je me réserve donc le droit de freiner un peu nos ardeurs si cela s’avère douloureux. Que je vous rassure, on trouve toujours de chouettes alternatives, cela ne casse rien, c’est juste un petit réajustement !
« Mais Louise…je suis imberbe ! Serait-ce un motif de refus ?! »
Pas du tout ! Je ne m’arrête pas aux poils pour accepter ou non une rencontre. En plus, si vous avez des cheveux je peux très bien me retrouver hypnotisée par eux et passer des heures à les caresser à la place de vos poils.
« Je suis chauve Louise… »
Ah… C’est ballot. Bah écoutez, on va bien se trouver d’autres points d’accroche, ce n’est pas grave !
« Je suis imberbe, chauve, pro-Trump et j’ai déjà abandonné mon chien sur le bord de l’autoroute pour partir en vacances »
Si vous n’y mettez pas du vôtre aussi, je ne peux rien pour vous, désolée.
Je ne comprends vraiment pas les gens qui disent que si on ne s’épile pas, si on ne se rase pas on n’est « pas propre », ça n’a aucun sens (c’est même l’inverse d’ailleurs : les poils ne sont pas là pour rien, ils protègent notamment par rapport à certaines infections). Si vous vous sentez mieux en vous rasant les aisselles ou en vous épilant le SIF (sillon inter-fessier) c’est très bien, c’est entre vous et vous et je n’ai rien à dire là-dessus. Cependant, quand je vois des hommes venir dire à des femmes qui ont des poils sur le pubis qu’elles ne sont pas propres, j’avoue cela me laisse assez songeuse. Du coup, si c’est ce que vous pensez alors vous pouvez passer votre chemin car même si j’entretiens ma jolie forêt pubienne il est hors de question que je me transforme en Bolsonaro de la chatte. J’ai mis bien trop longtemps à être à l’aise avec elle et je ne laisserais plus personne venir me dire quoi faire de mes poils pubiens !
« Et le parfum, vous en dites quoi ? »
Je suis quelqu’un qui fonctionne pas mal à l’odeur. Tel un petit animal j’aime flairer ma nourriture, ma boisson…et mes partenaires !
J’ai le nez un peu trop sensible sur tout ce qui est « odeurs artificielles », cela brouille mes radars et prend trop de place dans l’instant. Je n’ai rien contre un peu de parfum, une légère odeur de déodorant ou de savon sur votre peau mais j’ai beaucoup, beaucoup de mal avec les gens qui se vident la moitié du flacon ou qui utilisent un parfum trop fort.
Je peux descendre d’un bus ou d’un métro si l’odeur m’incommode trop car avec la foule et la chaleur ça fait rarement bon ménage chez moi (et les malaises dans les transports c’est nul, en plus tout le monde vous déteste car vous les mettez en retard). Il m’arrive souvent de changer de trottoir si je me retrouve derrière quelqu’un qui a abusé de son Azzaro ou de son Chanel car même plusieurs dizaines de mètres derrière, j’ai remarqué que j’étais capable de suivre une personne « au nez » (et croyez-moi, les chiens truffiers c’est de la rigolade à côté de moi ! Même si à mon avis, à mon grand désespoir, je serais incapable de trouver une truffe au flair…).
Il m’est déjà arrivé de rencontrer des hommes qui avaient clairement abusé du flacon et je me dois de vous raconter la suite de ces rendez-vous. En général je rentre chez moi et je me prends une bonne douche, en prenant soin de me savonner généreusement des pieds à la tête et de me rincer les cheveux. Et il arrive que malgré cela, je sente encore l’odeur sur moi.
(Petite digression : Contrairement à ce que voudraient nous faire croire certaines personnes, toutes les TDS ne se lavent pas joyeusement à la Javel après un RDV. Certaines se lavent après un RDV histoire de ne pas trop sentir le sexe, la sueur ou pour enlever l’odeur de parfum mais je fais partie de celles qui s’en tapent totalement. Je ne suis pas sale, je considère que le sexe n’est pas sale et que je n’ai pas à « me purifier » après une rencontre. Si nous avons transpiré ou si certains fluides sont venus se poser sur ma peau je peux décider de passer à la douche mais ce n’est vraiment pas une obligation. Quand c’est léger je peux garder le parfum de mon partenaire et de nos ébats sur moi. Du coup quand je dis que je suis gênée car je garde l’odeur sur moi ce n’est pas que je veux absolument éradiquer toute trace de notre rencontre, c’est vraiment l’odeur du parfum dont je parle. Fin de la digression)
Donc, je sens encore l’odeur sur moi et je suis incapable de dire si c’est dans mon nez, si l’odeur est réellement sur moi ou si c’est mon imagination. Cela peut carrément perturber ma nuit (quand je vous dis que je suis très sensible aux odeurs artificielles c’est pas une blague). Du coup, vous pensez bien que quand cette personne me recontacte, malgré toute la sympathie, l’affection que j’ai pour elle, je vais être totalement freinée par cette histoire de parfum. C’est ballot quand même…
Ce qui est marrant c’est que je ne suis pas autant sensible aux autres odeurs. J’ai été infirmière et je n’ai jamais été vraiment incommodée par tout ce qu’on peut renifler quand on travaille dans ce domaine-là (et croyez-moi, le corps humain peut vraiment être très très inventif). Évidemment je ne vais pas vous dire que cela ne me dérange pas si vous venez sans vous être lavé après avoir participé à Koh-Lanta ou fait le Marathon de Paris, il y a un minimum. Mais je préfère l’odeur d’une peau naturelle, voire d’une peau après l’amour, qui a un peu bougé et transpiré, plutôt qu’une peau toute propre, toute nette joyeusement noyée sous du parfum. On a bien trop perdu ce côté animal, on veut à tout prix masquer toutes les odeurs, on va même jusqu’à faire croire aux gens qu’une vulve se lave avec un savon spécial et qu’on doit régulièrement la « rafraichir » avec des lingettes parfumées… Je plaide coupable la première hein, j’étais tellement stressée à l’idée de « sentir » que j’en ai pas mal utilisé.
Quitte à passer pour une hippie, j’ai envie de vous dire « zut, laissons nos corps vivre et sécréter leurs odeurs tranquillement » (encore une fois je ne parle pas de cesser les douches mais plutôt de revoir notre rapport aux odeurs artificielles et naturelles). Je me lie avec mon partenaire autant par les discussions que par le corporel et ce dernier passe en grande partie par l’odorat chez moi. Pour tout vous dire, j’ai même enregistré l’odeur de la peau de la plupart des amants que je vois dans ma vie privée et j’aime l’activer quand je pense à eux, cela décuple mes sensations, mes souvenirs. Y’en a un qui sent la bière, la transpiration, le tabac et le déo (que je précise : il ne s’asperge pas de bière le matin il travaille juste dans un bar). Dit comme ça on pourrait se dire « beurk » mais je vous assure que ce mélange est juste totalement enivrant ! Rien que d’en parler j’ai des papillons dans le ventre !
Bref, je pourrais disserter encore des heures sur l’importance de l’odorat dans mes relations et sur ma vie en général mais cet article va déjà être long alors je vais m’arrêter là. Dans la 2ème partie qui sortira dans quelques jours on parlera fringues. La hippie que je suis se changera en anti-Christina Cordula. Et on parlera bouffe aussi parce qu’on n’en parle jamais assez !
PS : encore une fois, toute personne se sentant possédée par l’âme de Bernard Pivot peut venir me voir par mail pour corriger mes fautes (même si nous ne nous connaissons pas). Je ne me vexe jamais à ce propos, au contraire !