Il faut qu’on parle d’un sujet important ! Vous êtes nombreux à me faire part de vos craintes de « ne pas être à la hauteur », de ne pas pouvoir me satisfaire.
Et j’avoue que ça me fait pas mal réfléchir depuis le temps : que signifie « être (ou ne pas être, telle est la question) à la hauteur » ? D’après les messages que je reçois, il serait parfois question de taille/dureté de pénis, parfois de durée de rapport, parfois d’endurance physique, parfois de connaissances sexuelles, parfois c’est un mélange d’un peu tout. Toujours est-il que, bien souvent, vous pensez qu’au vu de mon « expérience », j’en attends beaucoup de vous.
J’ai l’impression que pour certains, c’est comme si vous vous retrouviez à demander une partie de tennis à Nadal. Vous craignez qu’il s’emmerde sévère sachant que vous n’arrivez même pas à taper la balle (et je le comprends, je suis nulle au tennis aussi). Effectivement, peut-être que si Nadal est en mode compétition et qu’il cherche un Djokovic comme adversaire ça va vite le saouler. Cependant, si son envie est plutôt d’échanger quelques balles tranquillement, de prendre du plaisir sans pression, de vous enseigner des mouvements, de vous encourager, de vous faire gagner en confiance, alors non. Je ne suis pas la Nadal-du-Cul (je ne connais même pas toutes les positions du Kamasutra) et je ne suis clairement pas là pour trouver mon Djokovic-des-Galipettes. Que ce soit dans cette activité ou dans ma vie privée je fuis la notion de « performance », je trouve même détestable qu’on ait réussi à coller ce mot, cette idée dans une chose aussi intime, sensible et personnelle que la sexualité. Et entre nous, une partie de sexe tennis en mode compétition qui dure des heures ça m’emmerde rien que d’y penser !
Cela faisait 3 ans et des brouettes que je tentais de faire ce post, 3 ans et des brouettes que j’étais frustrée de ne pas y arriver car il ne me plaisait jamais. Je l’ai fait lire, j’ai demandé des avis à des amis et même à des prétendants, rien n’y faisait, je continuais de bloquer.
Dans les brouillons précédents, je parlais un peu de moi mais j’abordais surtout les troubles de l’érection, de l’éjaculation et notre lubie pour la pénétration à tout prix. Je me disais qu’il fallait que je réponde à vos craintes, celles que je lis dans les mails ou que j’écoute en rendez-vous. Et puis dernièrement, Sainte Catin a mis sur ma route plein de petits cailloux qui m’ont fait changer de voie. A la fin de ce nouveau chemin, j’ai enfin vu la lumière ! Alléluia, tel le requin-lézard, après 3 ans et demi de gestation, j’allais enfin accoucher !
Note : ce que j’aime dans l’écriture c’est que cela me fait découvrir des choses dingues comme la gestation du requin-lézard par exemple (ou les règles d’une partie de tennis mais là c’est comme la bourse, on m’explique et 1h après j’ai tout oublié, quand ça veut pas…). Et j’ai même découvert que le Requin-Lézard s’est apparemment fait voler son record par elle. Voilà, c’était le point culture !
Donc ce texte, qui, à la base, parlait beaucoup de mes partenaires masculins, va en fait beaucoup parler de ma vie. Pourquoi ?
- Parce qu’il n’y a pas de recettes miracles qui marcheraient pour tout le monde et que je me perdais à vouloir lister toutes les causes et leurs solutions. J’ai eu envie de vous parler de mon cheminement personnel, de mes erreurs, de mes trouvailles, de mes réussites, de mes joies et de mes frustrations pour vous montrer que le chemin vers l’épanouissement sexuel ne peut être appris avec un mode d’emploi qui serait valable pour tous et tout le temps.
- Pour vous montrer que je n’ai rien d’une Nadal-du-cul et qu’au contraire j’ai été (et je suis) comme beaucoup d’entre vous à me dépatouiller pour tenter de m’épanouir sexuellement et amoureusement dans une société pleine de contradictions et d’injonctions toutes pétées !
Quelques points importants avant de commencer cette longue, très longue lecture :
- Ce que j’écris (sur cet article et de manière générale) me concerne moi : c’est ma vie, ma vision des relations, mon parcours, mes envies par rapport à mon activité, mes limites, ma façon de gérer un métier où on peut facilement être exposé aux agressions sexuelles/viols (ceci est encore bien trop souvent oublié par les personnes qui râlent à propos de nos conditions de rencontre), etc. Donc, au même titre que je ne supporte pas les « Oui mais Machine (collègue) elle fait comme-ci, comme-ça » (sous-entendu « Pourquoi tu ne fais pas pareil ? »), je n’ai aucune envie que vous alliez embêter les collègues en voulant que leur façon de travailler colle à ce que j’écris. Vous n’avez aucune idée de leur parcours, de leur rapport à ce travail, de leur vie, de leur quotidien, de leur rapport à la sexualité et aux relations, etc. Donc règle n°1 : chacun mène son activité selon SES critères et si cela ne vous convient pas, alors allez voir ailleurs. Si un jour j’entends une collègue me dire qu’un prétendant en commun lui a tenu la jambe pour lui expliquer qu’elle devrait faire différemment son taff car « Louise a dit que/pense que/pratique l’escorting ainsi », je vous assure que je n’aurai aucun souci à aller expliquer à ce prétendant le fond de ma pensée (de manière pédagogique, évidemment, car sinon on ne va pas aller très loin). Bref, si vous ne voulez pas me voir débarquer avec un mail intitulé « Il faut qu’on parle », prenez le temps de bien intégrer que toutes les personnes qui travaillent dans ce domaine sont différentes et respectez cela, merci.
- Ce texte est centré sur mes relations hétérosexuelles avec des hommes cis-genres, j’aborde donc tout de ce point de vue-là.
- Ce premier jet est loin d’être parfait donc il y aura forcément des rajouts ou des modifications en fonction de mes réflexions ou des discussions que j’aurai avec vous.
- C’est long, très long mais je ne voyais pas comment aborder toute ma vie sexuelle en 2 pages. J’ai essayé de le travailler de manière à ce que chaque partie soit un peu légère et drôle mais l’humour étant subjectif, vous allez peut-être trouver que je suis aussi amusante qu’un parpaing…
Bonne lecture !
PS : Comme d’habitude, si vous êtes le fils caché de Bernard Pivot, vous êtes le bienvenue dans mes mails pour corriger les nombreuses fautes. Il y aura sûrement aussi des passages manquant de clarté donc là aussi, n’hésitez pas à venir me dire que je dois reformuler/étoffer.