Mes premières tempêtes dans l’escorting
Je pensais donc être un poil plus tranquille dans ma sexualité lors des rencontres escorting, je me disais que cela allait me permettre d’explorer plus sereinement, qu’on allait moins attendre certaines choses de ma part mais je me fourrais joyeusement le doigt dans l’œil !
Comme je le disais, le fait de me caresser en même temps qu’une pénétration était plutôt bien accepté (voire vivement encouragé par beaucoup que cela excitait). Jusqu’à ce que je tombe sur un prétendant qui, me voyant mettre ma main entre les cuisses durant une pénétration, me demanda ce que je faisais. Je lui expliquais alors avec un grand sourire que c’était pour augmenter le plaisir mais je compris rapidement que je venais de lui faire un affront énorme. Comment ?! Son pénis ne suffisait pas ?! Je ne me souviens plus vraiment les termes employés mais il était plutôt vexé. Et évidemment, ce ne fut pas le dernier à mal le prendre. Que ce soit avec ma main ou pire, un vibro, le fait de participer à mon plaisir n’était pas bien vu par certains. Je me suis donc mise à réfléchir à deux fois avant de glisser la main entre mes cuisses. Il fallait que je sente une belle connexion avec mon amant pour me sentir assez à l’aise pour participer de cette manière à notre moment intime.
J’ai aussi rapidement découvert que mon plaisir « simple » n’était apparemment pas suffisant : y compris dans ce genre de relation on pouvait attendre de moi que j’ai un orgasme. Je me rappelle d’un prétendant qui, alors que je lui disais en début de rencontre que j’avais du mal à jouir mais que cela ne m’empêchait pas de prendre du plaisir, m’a sorti « Machine (une collègue), elle a facilement X orgasmes durant une rencontre ». Je n’ai pas trop compris la remarque… C’est un peu comme si, lui enlevant son caleçon, je lui sortais « Mon amant, il en a une plus longue ». Certes, c’est un fait, mais qu’est-ce que ça apporte à NOTRE moment à nous ? Rien. Enfin si, c’est signifier à l’autre que sur le marché de la baisabilité, sa côte n’est pas hyper hyper haute (oui, parce que nous, les humains, on aime les chiffres, ça permet de mesurer, de classer, de donner de la valeur, de faire des moyennes et d’imposer des normes). Bref, on était déjà mal parti mais alors qu’il s’occupait de moi, il m’annonça son intention de me faire avoir un orgasme, tout en ajoutant « par contre je n’aime pas qu’on simule hein ! ». Comment vous dire que ce n’était pas super détendu, joyeux et léger comme moment… Alors oui, j’ai forcé pour avoir un orgasme, je ne sais pas s’il était content ou non mais moi, de mon côté, comme à chaque fois qu’un mec « force » pour que j’ai un orgasme, je repars avec juste un souvenir : la pression que j’ai ressentie.
Des histoires comme ça j’en ai un petit paquet et je n’ai aucun bon souvenir de ces moments, je repense juste à l’énergie que j’ai mise pour qu’il soit content de m’avoir donné du plaisir alors que je n’en ai pas eu du tout (orgasme et jouissance sont deux choses différentes : j’ai beau aimer la truffe, si je dis que je n’ai pas faim et qu’on me force à en manger je peux vous assurer que je n’en tirerai aucune jouissance).
Je n’ai pas envie que vous pensiez que ma vie sexuelle a été merdique de A à Z. Clairement, que ce soit dans ma vie privée ou dans le cadre de mon activité, mes partenaires étaient souvent très à l’écoute et désiraient profondément mon épanouissement plutôt que de m’imposer des choses selon leurs définitions du plaisir au lit. Toutefois, l’accumulation de toutes ces expériences désagréables avait commencé à sérieusement endommager mon bateau de croisière. Disons que d’un point de vue extérieur, on aurait pu dire que ça allait (il flottait, n’était-ce pas le principal ?), cependant, le bilan était le suivant :
- j’avais parfois des orgasmes, certes, mais le plus souvent je n’en avais pas
- je priais très très fort Sainte Catin chaque fois que je rencontrais un nouveau partenaire pour qu’il ne se vexe pas à cause de ma situation
- je préférais presque le sexe solo au sexe à deux car je n’avais pas cette pression donc je pouvais profiter pleinement des sensations et atteindre l’orgasme plus facilement
- je pouvais ne pas avoir envie de faire l’amour durant longtemps, très longtemps car ce n’était pas vraiment un endroit de détente et d’amusement
Bref, je voguais mais le cœur n’était pas vraiment à l’amusement. Même si je prenais plaisir, j’anticipais bien trop les tempêtes pour profiter pleinement de chaque jour et de chaque amant.
Rencontre avec l’Iceberg Mr. A
Et puis Mr. A. est arrivé dans ma vie. Au début j’avoue, j’en ai voulu à Sainte Catin. Pendant un moment, je me suis dit que le jour où j’avais accepté de le rencontrer, elle devait cuver une sévère gueule de bois pour que je n’ai rien vu venir. Toutefois, avec le recul, il faut que je sois honnête : je suis reconnaissante envers Sainte Catin et envers Mr. A car sans leur intervention, je n’aurais peut-être pas entrepris cette quête et ma vie personnelle, ma vie professionnelle et ma vie sexuelle n’auraient sûrement pas été bouleversées à ce point. Ou peut-être que si mais plus tard.
Donc, Mr A. m’a rencontrée et non seulement il a été déçu de notre rencontre, mais en plus il a décidé d’aller le dire, en public, sur un forum. Il me reprochait, entre autres, le fait d’avoir dit que je sentais que je n’allais pas atteindre l’orgasme. Il terminait par « cela ma refroidit, je n’y retournerai plus ». Cet écrit m’a fait un peu le même effet que l’histoire de B. que je raconte au début. La sexualité étant un endroit de vulnérabilité, quand on décide de la partager avec quelqu’un et que cette personne trahit la confiance, cela peut être assez désagréable (voire carrément traumatisant dans certains cas).
Mon bateau de croisière était déjà un peu chancelant après toutes ces tempêtes, Mr A fut l’iceberg qui vint finir le travail.
Mon navire coulait mais plutôt que de paniquer et de courir partout avec tout le monde en hurlant, je me suis posée sur le pont et, en écoutant l’orchestre jouer, j’ai analysé la situation.
Premièrement, je n’avais pas prévu d’étaler cela sur la voie publique. Comme vous avez pu le lire, mon rapport avec l’orgasme étant sensible, j’avais besoin d’être en tête-à-tête avec la personne pour pouvoir en parler mais puisque Mr. A. avait pris la décision pour moi, j’ai décidé de commencer à répondre par un article de blog histoire de faire un peu de pédagogie au passage. Pour ceux qui arrivent juste sur mon site, le lien est ici et sachez aussi que depuis j’ai pris un peu de poids et ma grand-mère va mieux mais je n’ai toujours pas le teint de Beyoncé (et accessoirement je n’ai pas non plus 40 ans). Le 1er effet super chouette que cet article a eu est que cela a lancé pas mal de conversations très intéressantes sur l’orgasme et les troubles sexuels en général. Certains qui hésitaient un peu à me contacter ont commencé à comprendre que je n’étais pas à la recherche de mon Djokovic-du-cul et ont réussi à sauter le pas ! Donc déjà rien que pour ça, merci Sainte Catin.
Deuxièmement, j’ai réalisé que, même si cela avait été possible, je n’avais pas envie de sauver mon paquebot. Cette croisière ne m’amusait plus donc autant repartir de zéro ! J’ai dit au revoir à tout le monde et je me suis jetée à l’eau pour partir à la recherche de mon épanouissement intime.