Ok, j’avais analysé un peu mieux le parcours qui avait contribué à m’amener à cette situation, mais ensuite ? Eh bien, après avoir jeté un œil à mon passé, il fallait que je m’attaque à mon présent.
Avec mes amants la discussion est assez facile donc avancer dans la pratique avec eux n’a pas été un problème. Je voulais partager ici certaines choses qui m’ont aidé dans mon cheminement.
Communiquer de manière franche et efficace
Comme je le disais, la discussion est facile en générale avec eux mais il y a discussion et discussion. J’ai pris conscience que je bloquais totalement sur certaines choses et j’ai pris mon courage à deux mains pour aller aborder certains points. Les échanges autour de la sexualité peuvent être très difficiles car ce sont des discussions de l’intime et la peur du rejet, de la moquerie, du mépris, etc. peuvent jouer un très grand rôle dans nos blocages. Savoir que l’autre ne va pas de vexer/va nous écouter quand on communique au lit est primordial pour avancer.
Note : Je pense qu’il est crucial d’aborder ici le fait qu’on a encore trop souvent tendance à penser que, quand on côtoie une personne depuis un moment, on est sensé deviner ce que l’autre pense, vit, etc. et inversement, notamment dans le cas d’un couple de longue date et/ou très amoureux, fusionnel. Cela peut être vrai pour certaines choses (je peux vous assurer que mes amants lisent très bien sur ma tête quand j’ai faim ou que je suis au bout de ma vie à cause de mes règles) mais dans la vie réelle, personne n’est télépathe et partir sur ce genre de principe crée bien plus de malentendus qu’autre chose. Encore un truc à la con qu’on retrouve dans de nombreux films, romans, etc. Cramez-moi tout ça, qu’on reparte sur des trucs plus sains.
Parler de mes angoisses à propos de mon orgasme « non valide » et de leurs répercussions
M’étant assurée de la possibilité de communiquer de manière sereine, la première chose que j’ai mis à plat a été mon complexe quant à l’orgasme. Évidemment, à chaque début de relation j’avais prévenu « Je n’atteins pas facilement l’orgasme, c’est pas toi, c’est moi, ne le prends pas mal, bla-bla-bla » et miraculeusement ils étaient restés (vraiment, les sacrifices de tofu les soirs de pleine lune ça marche bien hein !). Cependant le scénario était toujours le même : quand arrivait le 1er orgasme et que je voyais leur joie, intérieurement, la 1ère chose que je me disais c’était « Et merde… Il est super content, du coup il va être déçu les prochaines fois si je n’ai pas d’orgasme ». Autant vous dire qu’avec ce genre de pensée, même si ça se passait bien, intérieurement ça commençait à sentir le roussi. Voyant mon désarroi, ils m’avaient tous encouragé à utiliser des sextoys mais je ne pouvais m’empêcher de me dire que ce n’était pas de vrais orgasmes, que c’était « de la triche » et petit à petit, j’ai commencé à avoir honte de les utiliser.
Les discussions que j’ai eu ont été absolument incroyables, pleines de bienveillance et d’encouragements à continuer dans la voie qui me paraitrait la bonne. C’était une étape très importante : j’étais assurée d’être bien accompagnée pour aller explorer toutes les pistes qui me semblaient intéressantes et pour faire des changements dans ma vie intime
L’importance de ne plus se dire « sexe = pénétration » et « moment à deux = sexe »
En parlant de changement, je pense que le plus gros a été de ne plus culpabiliser de ne pas mettre la pénétration comme un acte obligatoire. Comme je le disais précédemment, j’ai été éduquée, comme beaucoup, avec l’idée que « acte sexuel réussi = pénétration ». Certes, il m’arrivait souvent avec mes amants de ne pas cocher cette case mais je sentais parfois poindre une sorte de culpabilité, un petit « Hum, la prochaine fois il faudrait quand même qu’on le fasse, il risque de mal le prendre si y’a pas de coït pendant un moment » (spoiler : c’était faux dans la plupart des cas, ils n’accordaient pas autant d’importance au coït que je le pensais).
Dans la même lignée, il m’arrivait parfois de voir un amant et de me mettre un peu la pression pour faire l’amour pour diverses raisons : on avait programmé une après-midi dans un endroit coquin, on ne s’était pas vu depuis un moment, on s’était chauffé à distance en imaginant ce que nous ferions lors de notre moment à deux, etc. C’est déjà un concept un peu bancal mais j’ai réalisé que les conséquences n’étaient pas minimes : je pouvais me mettre à « fuir » les rencontres pouvant donner lieu à des moments intimes, je pouvais me forcer un peu même si j’avais plus envie d’un câlin tendre, de masturbations réciproques, etc. En réalité, plus on se « force » plus on bloque et c’était pile ce qui était en train de se passer (si on ajoute à ça mon complexe avec l’orgasme, vous vous doutez bien que c’était le gros bordel !).
Alors on a tout effacé et on a repris à zéro. Et laissez-moi vous dire que je ne regrette absolument pas ! Déjà le fait de retirer la pénétration comme « obligation » leur a mis bien moins de pression et le fait de nous questionner à chaque rencontre sur nos envies respectives nous a amené à explorer tout un tas de pratiques et de sensations différentes. Il n’y avait plus de « craintes » de ma part, j’allais à chaque rencontre le cœur léger et très rapidement, ma libido s’est mise à péter les scores (et à en épuiser certains).
J’ai l’impression de voir ça comme une réponse à un « J’ai faim ». Si un partenaire y répondait à chaque fois en me disant qu’il faut absolument bien dresser la table et faire un entrée-plat-dessert sans me concerter sur ma faim ou mes envies je pense que j’arrêterais de partager les humeurs de mon estomac et j’irais faire ma vie solo dans le frigo. Là, quand je dis « J’ai faim » il peut répondre par « Hum… moi non, mais vas-y fais-toi plaisir ! » ou par un « Moi aussi ! Alors, petite faim ? Grosse faim ? Tu ne sais pas ? Moi non plus, viens on va ouvrir le frigo et voir ce qui nous tente ! ».
Repartir sur ces bases m’a permis d’avoir une relation bien plus apaisée avec la sexualité et je me suis rendue compte que cela agissait comme un cercle vertueux : plus je m’amusais et plus j’avais envie de recommencer ou de tester de nouvelles choses. Il n’y avait plus de script, plus de « préliminaires », il y avait juste un terrain de jeu immense. Est-ce qu’il y a des ratés, des foirages ? Oui, évidemment car rien ne peut être parfait, encore moins quand on explore de nouvelles choses mais ce n’est pas grave et cela n’impacte jamais de manière négative notre relation ou nos parties fines suivantes !
Mes lectures ont permis de débloquer pas mal de choses et de recommencer à avoir un rapport plus sain avec ma vie sexuelle. Et même si je prenais toujours plus de plaisir, l’orgasme continuait à jouer les timides. C’était assez frustrant, il restait une sorte de gros nuage noir au-dessus de ma tête…
Alors forte de ce nouvel élan et sous les encouragements de mes partenaires, je suis repartie dans ma quête de l’orgasme.