J’ai peur de ne pas être à la hauteur (Part.9)

Ce serait mentir de dire que tout va bien dans le meilleur des mondes concernant ma sexualité mais j’avoue que je prends de plus en plus de plaisir (quand je tombe sur un partenaire qui joue le jeu évidemment). Voilà mon bilan à l’heure actuelle :

Cesser ma quête de l’orgasme

Quoi ?! Après des années à lui courir après, j’abandonne ma course à l’orgasme ? Oui, tout à fait, j’ai remplacé ma quête de l’orgasme par une quête de la jouissance et rien que ça, ça a changé ma vie sexuelle de manière drastique ! C’est tellement plaisant de pouvoir se libérer de ce poids après tant d’années à le subir. J’aborde chaque partie de jambes en l’air avec beaucoup plus de sérénité, l’idéal n’est plus d’avoir un orgasme mais d’avoir tout simplement du plaisir, sous n’importe quelle forme : massage, sexe oral, câlins, masturbation, etc. Alors oui, il m’arrive encore parfois d’être frustrée quand j’ai l’impression que j’aurais pu avoir un orgasme mais que qu’il ne vient pas mais cela ne gâche rien dans ce moment ou dans ma relation.

Être dans le moment présent

Loin de moi l’idée de vous pousser à télécharger Petit Bambou mais vraiment, intégrer plus de pleine conscience dans la sexualité a été une vraie révélation pour moi. Ce n’est pas toujours facile car le mental est une bestiole assez coriace à apprivoiser et parfois, j’ai beau être en super forme, mon cerveau n’a pas vraiment envie d’être « ici et maintenant ». C’est frustrant mais c’est aussi l’une des choses qu’on apprend quand on travaille la pleine conscience ou la méditation : accepter que le mental part, que c’est normal et que le faire revenir est parfois facile, parfois non (mais avec l’entraiment cela devient quand même plus fluide).

L’un des premiers bénéfices que j’ai noté est que se concentrer sur ses sensations permet d’explorer chaque acte, chaque situation sans avoir besoin que cela aille forcément plus fort/vite/profond/hard/etc. Il n’y a aucun mal à explorer plein de choses dans la sexualité, y compris des choses « qui bougent » ou des fantasmes très stéréotypés. Cependant je constate que certains ont tendance à aller vers du toujours plus hard tout en dénigrant les pratiques plus softs ou plus classiques. c’est très chouette de vouloir explorer tout un tas de domaines mais il faut faire attention à ne pas se retrouver bloqué dans une course au « toujours plus » (cette course se retrouve d’ailleurs dans d’autres domaines que le sexe comme les voyages, le sport, etc.). Faire l’amour en conscience peut justement permettre de ne pas trop s’embarquer là-dedans. La moindre petite fessée peut vous électriser, une fellation/masturbation en prenant conscience de chaque contact avec la bouche/main peut être d’une telle intensité qu’on n’a pas forcément envie de faire « plus fort/vite/profond », etc. En résumé, apprendre à naviguer avec mes sensations, à prêter attention à chaque détail m’a permis de multiplier à l’infini ma palette sexuelle, chaque pratique peut se décliner de plein de manières différentes suivant mes envies !

Et puis, vous savez ce truc magique de début de relation où chaque frôlement fait grimper votre désir d’un coup ? L’un des bénéfices d’être plus à l’écoute de mes sensations, des réactions de mon corps, est que j’ai retrouvé « ce truc » : je me suis rendue compte que la moindre caresse, même la plus chaste, pouvait totalement m’électriser. Il est évident que tout cela dépend des moments et des partenaires (parfois mon esprit est vraiment ailleurs, parfois je suis crevée ou préoccupée) mais j’essaye toujours de prêter attention à ce que me provoque cette caresse. Et si c’est du réconfort ou de la tendresse alors je le verbalise et je profite de ce moment.

Faire attention aux nouvelles normes/pressions

Je continue de lire et d’enrichir ma palette érotique et intime, j’explore, j’expérimente mais surtout je fais attention à ne plus me mettre une pression ou à m’imposer de nouvelles normes !

Par exemple, même si j’ai réappris à me faire plaisir sans sextoys, je ne culpabilise pas quand j’en ai envie/besoin. Et même si j’ai tapé un peu sur notre lubie de la pénétration ce n’est pas pour autant qu’elle ne fait plus parti de mon répertoire, loin de là ! Avec un amant, quand nous avons très envie de cet acte, nous savons que c’est sincère, que nous allons en profiter pleinement, que ce ne sera pas fait parce qu’il faut le faire. Je précise ça car vous trouverez des courants qui dénigrent totalement la pénétration et clament haut et fort que la vraie sexualité doit s’en passer et je ne suis clairement pas d’accord avec ça (et y’a un super post de Gwen Escalle ICI sur ce thème).

Je me crée ma nouvelle norme, une norme totalement personnelle, qui évolue au fil du temps et de mes rencontres, qui n’est pas figée. Cela me pousse à être à mon écoute et à l’écoute de mon corps afin de ne plus trop me laisser embarquer dans des choses qui peuvent sembler épanouissantes sur le papier mais qui finissent par me re-créer des blocages ou des angoisses.

Changer de mentalité et ne plus courir après la validation de mes amants/prétendants.

Il va de soi que le fait d’être dans le moment présent, d’exprimer ce qui me fait envie à l’instant T s’est avéré facile avec mes amants. Cependant, je me questionnais sur ce que ça allait donner avec mes prétendants. Je sentais bien que l’angoisse d’être critiquée ou moquée pour ne pas avoir d’orgasme restait très présente dans mes rencontres. J’ai donc décidé de travailler deux pistes : être honnête avec vous et accepter le possible rejet d’un futur partenaire.

Je pense que mon principal blocage dans l’écriture de cet article résidait dans l’angoisse de tout déballer. Je me disais que si je m’annonçais comme « défaillante orgasmique » alors on n’allait plus vouloir de moi. Et puis j’ai réalisé 2 choses : je ne suis pas « défaillante orgasmique » et je ne tiens pas plus que ça à avoir dans ma vie des personnes qui le pensent. J’ai la chance d’avoir des relations sincères, des rencontres où vous venez me parler de choses très intimes, où vous vous montrez vulnérables. Pourquoi ne pourrais-je donc pas vous montrer en retour que je ne suis pas une Nadal-du-cul et que je peux aussi être vulnérable face à vous ? Alors j’ai remonté mes manches et tout en continuant mon cheminement personnel, je me suis remise à l’écriture de cet article.

Je sais que ces quelques pages vont faire du bien à certains prétendants qui se mettent une pression monstrueuse ou qui pensent qu’ils doivent absolument cocher certaines cases (dont la pénétration) pour que je sois comblée. Cependant je ne suis pas Bisounours non plus. Je sais que, malgré tout ce que je dis, certaines personnes risquent de se remettre en question si je n’ai pas d’orgasme avec eux ou si elles rencontrent des troubles sexuels durant notre tête-à-tête. La suite de l’article vous aidera peut-être mais si cette angoisse est trop forte et qu’elle vous fait souffrir dans votre vie intime, il ne faut pas hésiter à aller voir un ou une sexologue/sexothérapeute (oui je suis sexothérapeute aussi mais vu que nous sommes trop « proches » cela peut jouer donc trouver une personne extérieure peut être bénéfique).

De plus, même en ayant écrit tout cela, je ne suis pas non plus à l’abri de rencontrer ici ou dans ma vie privée, un nouveau B ou Mr A, ce qui nous amène à la 2ème piste que je travaille. Je trouve cela très important de parler du possible rejet pour deux raisons :

  1. de mon côté, comme je le disais dans un post précédent (ICI), je ne maitrise pas forcément le fantasme de l’autre quant à notre rencontre et il se peut que je déçoive d’une manière ou d’une autre.
  2. de votre côté c’est un thème que je retrouve parfois dans nos échanges : « Je veux vos conseils pour être une machine (dans le sens 0 panne, 0 souci) pour ne pas être rejeté par mes futures partenaires ».

Reprenons Mr A. Même si je suis maintenant à l’aise avec le fait de ne pas avoir un orgasme, je ne maitrise pas ce que cela provoque chez l’autre. Peut-être que cela fait surgir des expériences négatives du passé où on lui aurait dit qu’il n’était pas assez bon car il n’arrivait pas à faire jouir sa partenaire. Peut-être qu’il était en colère car il a pensé que j’étais trop « professionnelle » et que je m’interdisais d’avoir un orgasme dans ce cadre. Peut-être qu’il pense que les femmes qui n’ont pas d’orgasmes sont frigides et ne méritent pas qu’il s’attarde avec elles. On ne sait pas et il faudrait une discussion pour démêler tout ça, savoir quelle a été son éducation sexuelle, quelles ont été les croyances inculquées, quelles ont été ses expériences, quelles sont ses craintes, ses angoisses, ses ruminations quand quelque chose ne va pas quand il fait l’amour, etc. Certaines personnes que je rencontre peuvent être ouvertes à ce genre d’échange mais je sais que c’est impossible avec d’autres et je n’ai pas beaucoup de pouvoir là-dessus, c’est comme ça.

Je vous cale quand même une photo de mes seins, ce texte est particulièrement long, désolée…

Donc, vous comprenez bien que si vous venez vers moi pour « être une machine », je vais vous décevoir. Je n’ai pas ce pouvoir mais je peux vous conseiller de réfléchir sur quelques points et nous pourrons en discuter avec plaisir si vous le souhaitez :

  1. Il faut accepter qu’il nous est impossible d’avoir une sexualité/libido sans faille tout au long de sa vie. Tout comme il est impossible d’avoir les mêmes performances sportives tous les jours et tout au long de sa vie ou d’être toujours à 100% au boulot. Nous ne sommes pas des machines, lâchons-nous un peu la grappe et apprenons à écouter nos corps plutôt que de les forcer pour être « toujours au top ».
  2. Les troubles sexuels se travaillent souvent en couple. Partant de là, je peux être une chouette partenaire avec qui cela va marcher lors de nos rencontres mais en dehors, cela ne garantit absolument pas que cela fonctionnera à 100%. Je m’engage à co-créer avec vous un espace selon nos propres envies dans lequel nous pourrons nous épanouir en sécurité mais je ne peux pas avoir d’impact sur les espaces que vous allez co-créer avec d’autres…
  3. Même si demain, je me transformais en une Joséphine-Ange-Gardien-du-cul et qu’en un claquement de doigt je pouvais vous assurer une érection longue et dure, cela ne garantirait absolument pas que votre partenaire soit comblée. Tout le monde est différent et penser qu’avec tel acte ou telle manière on va contenter tout le monde est totalement illusoire. Et puis de vous à moi, en général quand un mec m’annonce qu’il peut pénétrer durant des heures ou que je vois des gens dire qu’il faut au moins 30 minutes de pénétration pour faire jouir une femme, je sens mon vagin hyperventiler. Donc ça ne marcherait pas avec moi (mais peut-être qu’avec une autre oui).

Dans ma vie comme dans la vôtre nous allons être amenés à côtoyer des gens qui arrivent avec des bagages personnels qui ne vont pas forcément bien s’accorder avec les nôtres pour X raisons. Dans le meilleur des cas, nous tombons sur une personne qui, malgré cela, accepte de se poser et de discuter afin de créer un terrain de jeu sécurisant pour tous les deux mais parfois nous nous retrouvons avec une personne qui campe sur ses positions et qui ne veut pas entendre une autre réalité que la sienne. Cela peut être très douloureux parce que cela touche à l’intime, on expose sa vulnérabilité et on a l’impression que l’autre vient joyeusement piétiner ça à pieds joints. Cependant il n’y a pas vraiment de moyens de s’en prémunir totalement…

Je ne vous dis pas qu’il me sera facile maintenant de mettre ce genre d’expérience à distance, que cela ne me touchera plus car ce serait faux mais j’arriverai à moins le prendre comme une vérité vraie. Ce sera peut-être celle de ce partenaire mais pas la mienne. Dans ces cas-là, il est aussi parfois nécessaire de faire appel à un thérapeute pour vous aider à mettre à distance ce genre de chose. J’ai beau avoir beaucoup travaillé là-dessus, je sais que si une aventure comme celle avec B. ou Mr A revenait dans ma vie je n’hésiterais pas à en parler rapidement (sûrement à Camille) pour qu’on m’aide à comprendre les émotions que cela fait naitre en moi, les craintes, les angoisses, les hontes, les tristesses, etc. Consulter un thérapeute, quel qu’il soit n’est pas honteux. Beaucoup de personnes que je rencontre dans mon activité me considère un peu comme tel mais je n’ai pas les diplômes psy donc je vous encourage vivement à aller voir ce genre de personne quand la situation est trop douloureuse ou problématique.